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When I was young I knew everything ...
© The Verve Pipe


Le bonheur n’a pas été transmis d’une génération à une autre. En tout cas ça n’est pas arrivé à l’ensemble de la famille, à moins qu’il y ait une exception, mais jusqu’à présent, on ne peut pas définir les Campbell comme famille : « modèle ». Matthew Ethan, premier enfant d’un simple couple qui habitait la capitale anglaise, enfant qui par la même occasion a toujours été gâté d’une façon ou d’une autre, tout comme ses deux sœurs Seephora et Shelley. Une chance d’avoir de la compagnie côté fraternité, même s’il avait toujours voulu un petit frère, à qui apprendre le foot ainsi que les autres sports que pratiquent généralement les garçons. Dans un autre sens, il n’y avait pas de quoi se plaindre, Seephora, sa petite sœur, d’une année de différence, n’a jamais vraiment montré de féminité lorsqu’ils étaient gamins. Donc forcément Matt’ en profitait pour jouer avec elle, et l’initier à tout ce qui pouvait sembler masculin. C’est d’ailleurs depuis leur plus jeune âge, que remonte leur bonne entente, toujours fourrés ensemble pour le meilleur comme pour le pire, de là à ce qu’elle devienne sa préférée, même s’il tient autant à Shelley. Tout peu paraître brillant jusqu’à présent, une famille de blonds … parfaite, un père aimant et attentionné, une mère plus ou moins présente mais occupée, tout ce qu’il y a de plus normal. Depuis son plus jeune âge, Matt’ pouvait compter sur son père, qu’il s’agisse d’éducation, de personne avec qui jouer, discuter, rigoler ou simplement avec qui partager du temps en compagnie de ses deux autres sœurs. La mère ? Elle travaillait en journée comme en soirée, ce qui sollicite le doute à un moment donné.

Les huit premières années étaient sans doute les meilleures, meilleures dans le sens où tout semblait aller pour le mieux, en ce qui concerne les relations familiales. Certes madame était absente, mais l’on pouvait toujours se raccrocher au père, afin de ne manquer de rien. Sauf qu’à un moment donné, le mauvais sort s’est abattu contre eux, et plus précisément lors de sa neuvième année. Père décédé d’un simple accident de la route, accident simple mais conséquences irréversibles. A ce moment même, c’était le piler de la maison qui s’était effondré, laissant trois enfants quasiment seuls, sans personne d’autre sur qui compter. Oui, on pourrait dire : « Et la mère alors dans l’histoire ? » Eh ben la mère, c’était une décoration de maison ambulante. Elle vous sourit lorsqu’elle vous croise dans une pièce, et elle file « travailler » d’après ce qu’elle disait. Pour se remettre de la mort de leur père c’était assez simple : « Ne faites pas ci … ne regardez pas ça … cela pourrait vous affecter. » comme si ça pouvait avancer les choses, elle qui prenait ça pour de l’affection, c’était plutôt l’opposé. Et au fur et à mesure que les mois passaient, Matt - étant à présent le seul homme de la famille - s’occupait plus ou moins bien de ses petites sœurs, essayant de leur apporter ce que leur mère ne pouvait pas leur donner. Le stade de l’adolescence montrait petit à petit le bout de son nez, ce qui n’était pas vraiment évident, avec ses deux sœurs à côté. Loin de là qu’elles soient pénibles, mais être entouré de filles à chaque fois que l’on rentre à la maison, et qu’il n’y ait aucun adulte qui puisse en remettre une sur les railles lorsqu’elle fait son "caca nerveux", c’était presque exaspérant. Niveau scolaire, rien à se reprocher. Il a toujours bien suivi les cours, n’ayant aucune difficulté à passer l’année, et à apporter son aide lorsque ses deux blondinettes en avaient besoin.

On pourrait presque dire que c’était le frère modèle, sur qui l’on pouvait compter, et en réalité, c’était le cas, même si petit à petit, Matthew le gentil garçon se transformait en chasseur de gazelles dans les couloirs de son lycée, ce qui est assez normal pour un jeune homme de son âge. Ca commençait d’abord par ces stupides jeux qui nous amènent à embrasser tout le monde sans vraiment le vouloir, et ça se poursuit en conquêtes que l’on ramène au lit le temps d’une nuit et que l’on rejette le lendemain matin. Après tout, autant en profiter lorsque l’on n’a personne pour juger ce que l’on fait n’est ce pas ? Et puis ce n’est pas comme si c’était la seule personne à agir de cette manière. En tout cas une chose est sûre, personne ne pouvait lui enlever la passion qu’il avait pour les femmes … tout comme sa mère avait une passion pour les hommes. Évidemment, Matt’ avait fini par le deviner, ou plutôt que la curiosité avait pris le dessus, et qu’il avait décidé de la suivre un soir, alors que ses deux sœurs dormaient sagement. Elle marchait tout d’abord d’avenue, en avenue, avec ses hauts talons et son long manteau, qui devait cacher pas mal de choses. Arrivé à un certain nombre de minutes de marche, elle s’est arrêtée vers un hôtel, rencontrant quelques hommes au passage, dont un qui lui semblait familié, ces derniers temps. Un homme qui passait souvent en voiture devant leur maison. Ayant compris ce qu’elle appelait travailler depuis ces quelques années, il retourna à la maison assez dégoûté de sa génitrice, prenant place sur le canapé, et attendant que les heures défilent. Difficile de se dire que sa mère était une prostituée, qui se retrouvait de chambre en chambre. Puis lorsque fut venu l’heure où elle rentra à la maison, ne faisant bien sûr aucun bruit, pour que l’on ne doute pas qu’elle soit rentrée en plein milieu de la nuit, Matt’ se leva du canapé après y avoir passé plus de la moitié de la nuit, regardant glacialement sa mère.

« Matt’ mon chéri, tu m’as fait peur ! Tu ne dors pas à cette heure-ci ? »

« J’pourrais te retourner la question … Et toi t’es passée où ? »

« Je suis partie travailler mon cœur … tu le sais. »

« Te taper des retraités c’est ça ce que t’appelles travailler ?! Putain mais depuis tout ce temps, tu te foutais de notre gueule c’est ça ?! Tu passes tes soirées dans des hôtels alors qu’à côté t’as deux filles qui demandent que ton affection … T’es une incapable, mauvaise mère et j’en passe. J’aimerais voir la tête que papa aurait fait s’il était là … »

« Matthew … »

« Non, tais-toi ! Tais-toi parce que le jour où See’ et Shel’ seront au courant, j’peux te jurer que t’auras beau crever ou faire tout ce que tu veux … y aura personne à côté de toi. »

Généralement, on dit toujours que l’on doit avoir du respect envers ses parents, mais là, il n’y avait aucune raison d’en avoir. Sa mère était une étrangère, et ceci depuis bien longtemps. Il n’avait aucune idée de ce qu’en pensaient ses deux sœurs, mais pour lui c’était vite vue, son père était la seule personne qui savait prendre soin d’eux, et depuis sa disparition, il était complètement seul …

She is everything I needed ...
© The Fray

Pour en revenir un peu plus aux relations qu’avait Matthew durant la période des études, c’est au lycée qu’il rencontra la fille qui le fit changer. Et pourtant, il n’était pas prêt à se mettre dans une relation sérieuse, pensant qu’il devait avant tout profiter de sa jeunesse, et que les choses viendraient au fur et à mesure. Mais comme l’on dit souvent, lorsque l’amour nous tombe dessus, on ne se contrôle plus vraiment, les sentiments sont présents, et l’on pense qu’à continuer dans cette même direction. Et pour en revenir au jour où cupidon était de passage, c’était un après-midi comme les autres, à l’exception qu’il y ait eu une nouvelle dans l’un de ses cours. Blonde, attirante, intelligente, futée, sociable, serviable, et encore tant d’adjectifs … Impossible de la louper. Les premiers temps, c’était plutôt posé sur de l’attirance physique, et du côté de la demoiselle, c’était exactement pareil. Forcément, on essaie d’en apprendre plus, et c’est au bout d’un certain temps, que l’on se rend compte que l’on ne la veut pas dans son lit pour la simple et bonne raison qu’elle pourrait apaiser ses désirs, mais que si elle devait faire un tour dans ses draps, ça serait simplement car il l’aime, et qu’il ne compte pas jouer avec elle, comme il le faisait avec les autres. Allez comprendre, lui qui en principe ne se basait pas sur les sentiments pour tenter quelque chose, là c’était différent, même trop différent. Après la période de flirt, vint la relation sérieuse … comme quoi les gens changent parfois, et sans s’en rendre compte. Ils filaient l’amour parfait, à une exception prêt. Lui jaloux des mecs qui approchaient sa copine, et elle qui ne faisait justement pas attention à ce détail, essayant de lui faire comprendre qu’elle ne comptait pas voir ailleurs. Sauf que voilà, si Matthew avait si longtemps porté son regard sur l’entourage de sa chère et tendre, se montrant plus amoureux que jamais, c’est que l’impensable arriva. Après sept mois et neuf jours de relation stable, elle l’avait trompé avec l’un de ses coéquipiers de sport, donc forcément qui dit tromperie, dit rupture. Les sentiments étaient toujours présents, malgré le mal qu’elle lui avait infligé, c’était le chao absolu … et par la même occasion, le sentiment qu’il n’aurait jamais voulu connaître.

Plus de deux mois passèrent, avant qu’il ne se remette à nouveau en couple … avec la même fille. Un imbécile c’est ça ? Non juste amoureux de la personne qui lui a longtemps couru derrière pour tenter d’avoir son pardon. Elle avait fait une erreur, et il était prêt à pardonner, afin de commencer sur du solide. C’était évident pour lui, elle était la seule avec qu’il envisagerait des projets d’avenir, même si cela semblait un peu trop précipité. Quand même pour qu’une personnalité comme la sienne, soit, coureur de jupons, et tout ce qui se rapporte à l’inverse de la stabilité, c’est que cette fille en question avait quelque chose de spéciale pour qu’il se consacre entièrement à leur relation, simplement les conséquences de l’amour, en bref … Puis après que la tempête soit passée, et qu’il lui ait peu à peu redonné confiance, ce fut l’éclat total, le coup qui achevait, et le dernier coup par la même occasion. Une relation qui s’est terminée par sms, ce qui évidemment provoque une autre réaction que si ça aurait été dit face à face. Après l’avoir trompé pour une seconde fois, elle prenait ses bagages pour son pays natal, soit l’Australie, où apparemment, elle se sentirait mieux. Et du côté de Matt’, il essayait tant bien que mal de s’en remettre, cette épreuve là était sans doute plus difficile que le décès de son père, et la découverte de la prostitution de sa mère, rassemblés. Plus de confiance en la gante féminine, et les relations sérieuses c’était définitivement terminé. Oui, car il passait pour un imbécile, à reprendre une fille qui le faisait souffrir dès le départ, pour s’attendre au même résultat quelques mois plus tard. En guise de consolation ? Resté enfermé dans sa chambre, allongé sur son lit durant quelques courtes semaines, à regarder le plafond, tout en songeant aux jours à venir, semblait être une solution, bien que ses sœurs tentaient en vain de le ressaisir.

« Matty ça va faire plus de deux semaines que tu restes enfermer dans ta chambre … sors changer d’air, ou alors tu veux en parler ? »

« See’, c’est la cinquième fois que tu m’fais chier avec ce refrain … laisse-moi. »

« Matt’ arrête de jouer les désespéré … ça colle pas à ta personnalité. »

« Putain mais vous êtes obligés d’vous y mettre en cœur ?! Dégagez j’ai pas besoin de vous. »

« Shel’, la prochaine fois que t’ouvres la bouche … essaie de sortir un truc plus intelligent. »

« Mais c’est vrai quoi, avant de sortir avec l’autre traînée, il était pas comme ça. »

Malgré les efforts fournis par ses deux sœurs, ça ne changeait rien à la situation. Cela dit, on pouvait tout de suite voir la différence entre les deux blondes. L’une qui essayait tant bien que mal à l’aider, et puis l’autre qui était du genre franche et directe. Elles portaient tout deux parfaitement bien leur personnalité, See’ était celle qui voulait aider les autres, et Shel’ celle qui disait les quatre vérités, même si certaines d’entre elles pouvaient faire mal. Cela dit, ça ne changeait en aucun cas, sa manière de les apprécier, d’ailleurs il avait parfois honte de se montrer dans cet état, alors que d’habitude c’est lui qui est chargé de veiller sur elles.

Some things we don't talk about, better do without, just hold a smile ...
© The Fray

Après la période de lamentations, il fallait bien retourner à la dure réalité de la vie, soit, les études. Matt’ n’avait pas perdu le fil entre deux, et puis de toute manière, il comptait se concentrer là-dessus durant un bon moment, afin d’oublier le reste et entre autres, sa peine de cœur. Maintenant que l’on parle d’anatomie, ça tombe bien, car il voudrait à tout prix travailler en médecine. Difficile à croire, lui qui a plutôt un physique de sportif, mais comme quoi les exceptions sont toujours présentes, et en voici la preuve. Chirurgie ? Soins intensifs ? Il n’en savait pas plus, le choix viendrait au fur et à mesure, et puis c’est en avançant qu’on se fixe un objectif. Puis lorsque le calme était revenu, pourquoi ne pas reprendre les bonnes vieilles habitudes après tout ? C'est-à-dire, sortir le soir, faire connaissance de jolies demoiselles, et rentrer avec l’une d’entre elles dans le filet. Ah la belle époque ! En y repensant, il avait vraiment fait une erreur de quitter une période qui lui allait tout à fait, afin de se mettre dans une relation stable. Pourtant, il savait très bien que ce genre de relation n’était pas faite pour lui, mais avec son ex-copine, il était prêt à changer et à abandonner les bonnes vieilles habitudes. Enfin bref, après les dernières années d’études à fournir, le voici prêt à s’installer dans le monde de la médecine, afin d’en faire une longue carrière, s’il le peut. Sauf que voilà, maintenant entré dans le stress, et ce genre de choses qui vous donnent envie de tout plaquer sur un coup de tête, il lui faut absolument des vacances. La Brisbane semble être l’endroit idéal d’après sa sœur. Pourquoi pas la suivre après tout, et puis en général, vacances s’accouplent souvent avec « filles » n’est ce pas ?

To be more than a name, or a face in the crowd, I know this is the time of my life ...
© David Cook

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