(c) Lethal Lane

N'est-il pas étrange de s'imaginer à l'état de rien ? Pourtant, c'est ce que nous étions. Avant que la rencontre ultime du spermatozoïde et de l'ovule donne lieu à notre création, nous ne faisions en rien partie de ce monde. J'avais toujours aimé me plonger dans de grands débats philosophiques intérieurs à propos de la vie, la mort, le rien, le tout, et tant d'autres choses encore qui n'avaient pas encore été expliquées par les plus grands scientifiques. Nous étions là, et supposés ne pas nous casser la tête à y trouver une explication. Est-ce que chaque être humain, ou chaque créature vivante ou non vivante d'ailleurs, est là pour une raison ? Si oui, j'aimerais beaucoup savoir quelle est la mienne. Peut-être était-ce la mission de gâcher la vie du plus grand nombre de personnes autour de moi, ou encore celle de représenter la déchéance même de l'espèce humaine. Dans ce cas-ci, j'étais presque arrivée à mon but final. Mais il n'est pas temps de se reposer, mais plutôt de raconter tout ce qui avait fait que j'étais la personne d'aujourd'hui. Car les expériences sont formatrices de notre esprit, et celles que j'ai vécues valent peut-être la peine d'être écrites. Peut-être penserez vous que j'étais un grossier personnage -bien que très distinguée dans ses propos je vous l'assure-, ou tout simplement le suppôt de Satan -bien que ma gentillesse apparente ait été sans égale-. De toute façon, je n'ai aucun droit, et je n'en aurai probablement jamais.

Il conviendrait de commencer, comme chaque histoire se le doit, par il était une fois.
Il était donc une fois, dans la métropole qu'est Londres, une jeune femme et un jeune homme séparés par 50 petits mètres et qui ne s'étaient jamais rencontrés de leur vie. Faux peut-être, puisqu'il s'étaient croisés plusieurs fois dans l'ascenseur, devant la machine à café, qu'ils s'étaient adressés des bonjour fugaces et autres petites choses qu'ils avaient totalement oublié. Car le coup de foudre, ils n'y croyaient pas, et ils avaient selon moi bien raison. A vrai dire, il leur était totalement sorti de la tête l'idée de pouvoir un jour rencontrer une personne dont ils tomberaient amoureux .. Seul leur travail et leur vie personnelle leur importait. Ils avaient leur cercle social, et autour d'eux, les gens non-célibataires s'alignaient de plus en plus. Cependant, ils ne paniquaient pas, au contraire. Pas d'intention de se marier, pas d'intention d'avoir des enfants, pas d'intention de couler des jours heureux en retraite avec leur moitié. Dix jours plus tard, ces deux mêmes personnes roucoulaient sur une terrasse et s'embrassaient amoureusement. Pas besoin de vous décrire tout ce qu'il s'est passé avant, ce n'est pas vraiment le sujet de cette composition. Deux ans plus tard, partageant un appartement, mais ne s'étant pas mariés, c'est Analyze qui découvrit avec joie qu'elle attendait un bébé. Et même si son compagnon ne partageait pas le même engouement, il s'était préparé avec un tant soit peu de joie à l'arrivée de ce bout de chou. Autant dire qu'ils se comportèrent comme tout parent modèle. Préparant une chambre, peignant les murs, achetant tous les accessoires qui peuvent exister, lisant un nombre incroyable de livres .. Mais ils ne s'étaient absolument pas préparé à accueillir non pas un, mais deux bébés. Des jumeaux. Ou des jumelles. Ou un garçon et une fille, à vrai dire, ils n'avaient pas voulu savoir le sexe des enfants. C'est alors le jour de l'accouchement que les deux « plus belles choses qui n'avaient jamais apparu dans leur vie » virent la lumière du jour. La première, Calixte -moi même-, et la deuxième, née quelques minutes plus tard, Sixtine. Ne me demandez pas d'où leur étaient venus ces prénoms, et pourquoi ils chérissaient tant la lettre X, car je ne pourrais moi même pas vous répondre. Les deux petites étaient en parfaite santé mais aussi braillardes l'une que l'autre. C'est avec un grand bonheur mais tout de même une grande fatigue qu'elles furent ramenées à la maison. Ce fut le commencement de leur évolution.

Maintenant que vous avez compris que le petit bébé était moi même, je conviendrai de parler de celui-ci à la première personne. J'étais donc comme tout autre nouvelle progéniture dans ce monde, quelque chose qui ne servait pas à grand chose. Tout ce dont j'étais capable ; pleurer, manger, et d'autres choses peu ragoutantes. Connaissez vous cette histoire de lien unique entre les jumeaux ? Je n'ai moi même jamais compris de quoi il s'agissait, mais dès notre plus jeune âge, Sixtine et moi même étions complètement fusionnelles. Il était impossible de nous séparer sans que nous pleurions à chaudes larmes, et nos parents furent forcés de nous coller l'une à l'autre à chaque instant. Nous n'avions pas le même physique -étant de fausses jumelles-, et notre caractère même était complètement différent. Alors que Sixtine recherchait la compagnie d'autres bambins, je ne voulais rester en la compagnie que de ma sœur et d'elle seule, rejetant tous ceux qui osaient s'approcher d'elle. C'était plus aisé avant d'arriver à l'école, vu que rencontrer d'autres enfants était très rares. La grande crise arriva donc à notre entrée à l'école maternelle. Je ne savais pas ce qu'il se passait dans sa tête, mais en tout cas, Sixtine s'était bien mise en tête d'aller se lier d'amitié à tous les autres enfants de la classe. Moi, je restais avec mes bouquins et la regardais d'un œil noir. Je sentais que nous nous séparions, et je ne pouvais absolument pas le supporter. Je reportais toute ma colère dans les études, et appris alors à lire dès le début de ma troisième année. Rejetée par ma différence, ou alors parce que je le cherchais tout simplement, je ne parlais à personne et personne n'osait m'aborder. Cela me suffisait, car j'étais persuadée que la seule personne avec qui je pourrais jamais communiquer était ma jumelle. Le point de divergence était que cela ne semblait pas être du tout ce qu'elle pensait. Toute l'école primaire se passa de la même manière. Petit à petit, nos conversations se furent plus rares. Je devins le rat de bibliothèque, l'intello, la solitaire, tandis qu'elle devenait la fille populaire, sociable et adorable. Tout ce qui m'importait, à part le fait d'avoir ma soeur juste pour moi même, était d'être la meilleure. C'était ainsi que je devenais rapidement la première de ma classe, tandis que Sixtine se tenait dans des notes moyennes, mais tout à fait correctes. Je faisais tout pour me faire aimer mais n'y arrivais point, elle semblait se faire adorer de tous sans même lever le petit doigt. Elle était mon modèle, ma raison de vivre et l'être le plus fantastique à mes yeux, mais elle ne prêtait pas autant attention à moi que je le voulais.

Lorsque vint le collège, il fallait que je me mette en quête du pourquoi ma soeur ne m'aimait pas autant que je l'aimais. Autant vous dire qu'elle ne prêtait plus du tout attention à moi, bien trop occupée avec tous ces nouveaux amis et prétendants. Elle n'était pas ce genre de fille méchante et peste, qui ne prêtait attention qu'à son apparence, mais plutôt le genre de fille si gentille et belle que tout le monde était attiré par elle comme par un aimant. Elle vous envoutais avec sa voix chantante, et les compliments qu'elle déclarait à qui le voulait. Je me mis bientôt en tête que la raison pour laquelle Sixtine ne prêtait pas attention à moi était mon poids. J'avais à l'époque quelques kilos en trop, qui ne se remarquaient pas car je portais des vêtements très larges, mais qui me complexaient affreusement. Fini le chocolat, bonjour le régime drastique yaourts et pommes. Je maigrissais à vue d'oeil, et à mon grand contentement, ma sœur le remarqua. Pas de la bonne façon. Elle se mit en tête que j'allais devenir plus jolie qu'elle si jamais je devenais physiquement parfaite, et commença à manger exactement les mêmes choses que moi. Ayant un métabolisme qui lui permettait surement de mincir plus rapidement, nous arrivâmes en même temps à un poids de plusieurs points en dessous de l'IMC normal. Il nous était à toutes les deux impossibles, au bout de quelques temps, d'avaler ne serait-ce qu'une demi cuillère de nutella ou un plat contenant une cuillère d'huile. Je me rappelle même avec frayeur le temps où nous avions même peur de nous laver les dents, croyant que le dentifrice allait faire grandir notre quota de calories ingurgitées. Même si nous faisions peur à voir, les deux squelettes ambulants, mon but était atteint puisque elle comme moi n'avions que l'autre comme amie. Sixtine ayant abandonné tous ces amis pour la maladie -qui était si vous ne l'aviez pas compris, l'anorexie-, elle ne trouvait en confidente que sa sœur jumelle, moi même. Nous étions redevenues aussi fusionnelles que durant nos jeunes années, et notre principal sujet de conversation était notre poids. Seulement, nous avions des parents qui se souciaient un tant soit peu de nous, et en deux temps trois mouvements, nous étions toutes deux hospitalisées. L'isolement. Une technique horrible qui n'a pas grand effet. Chaque kilo gagné donnait droit à un nouvel avantage, et nous n'avions plus le droit de nous voir. Par un miracle, nous prîmes à cause de la sonde qu'ils nous imposèrent le même nombre de kilos en un même temps, et sortirent de l'hôpital complètement déglinguées, mais réunies à nouveau. Le retour au collège fut horrible. Sixtine récupéra ses amies et m'abandonna encore une fois. Finie la spirale de l'anorexie, bonjour celle de la boulimie. Et en synchronisation, nous faisions des crises allant jusqu'à plusieurs kilos de nourriture. Ni l'une ni l'autre n'arrivions à nous regarder en face. Le bon côté de la chose, était que nous avions un poids tout à fait moyen et que personne ne se doutait de notre mal être. Nous vomissions intégralement la nourriture que nous ingurgitions en quantité excessive pour ne pas prendre de poids. Nous nous détruisions, mais personne ne le remarquait.

Le lycée est pour moi un gros blanc. J'étais dans un état qui était proche de celui de zombie. Je mangeais, je vomissais, je me restreignais, je travaillais. J'alternais entre l'anorexie et la boulimie, maudissant à tour de rôle Ana et Mia. Ma soeur quand à elle se rétablit grâce à la thérapie qu'elle suivait après les cours, et pensait que c'était la même chose pour moi. Je n'allais plus voir mon psy depuis un bout de temps, me dérobant au supermarché pour acheter de la nourriture. Comme d'habitude, j'étais la première de ma classe, et avais une vie sociale nulle. C'est en entrant à l'université que tout changea. Ayant pour but de devenir grande chirurgienne, je commençais à suivre des études de médecine dans une grande école. Ma soeur fut séparée de moi même, allant étudier les arts dans une toute autre institution. Les appels entre nous étaient bien rares, et c'était à peine si nous nous envoyions des cartes pour Noël. Sa vie lui prenait tout son temps, la mienne prenait tout mon temps également. J'avais enfin des amis, et même après beaucoup de travail, un petit ami. Sixtine me manquait cependant énormément, et quand elle me proposa de partir avec elle dans un espèce de camp en Australie, je sautais immédiatement sur l'occasion. Amenant avec moi ma moitié, je m'embarquais à bord de cette aventure sans savoir ce que j'y allais y faire .. Maintenant, je ne sais pas si je le regrette ou si j'en suis heureuse.

Spoiler:

Bou

âge : 15 ans
Note du forum / 20: 17/20
Note du design /20 : 16/20
Forum connu par [ ] Top-sites [x] Pub [ ] Partenariat [ ] Autre ( précisez )
Présentation : [ ] en cours [x] terminée [o] validée
Autre ?

Bienvenue sur le forum !
Merci de ton inscription & bonne chance pour ta fiche !

Ta présentation est magnifique !
Tu es validée bien sûr !
Amuse toi bien parmi nous (aa)